La construction du corps dans la pensée allemande de la fin du XVIIII ème siècle et sa modélisation idéologique
Abstract
Le corps en héritage : la recherche d'un modèle antique. Lorsque Goethe publie son premier Faust en 1808, il sanctionne l'émergence d'un nouvel idéal que les penseurs allemands s'attachent à forger dès la dernière moitié du XVIII ème siècle. Réinterprétant le corps antique, à la suite de Winckelmann, ceux-ci investissent le contour parfait du modèle grec de significations nouvelles afin de fonder une identité germanique originale, rompant avec la perfection formelle et contrainte promue par l'esthétique classique de l'absolutisme français. Exemplaire de cette démarche à mi-chemin de l'esthétique et du politique, Herder donne primauté à la sculpture sur la peinture, au toucher sur la vue. Il introduit ainsi dans l'appréhension du corps artistique la dimension de la chair. La parfaite représentation du corps, suppose dès lors une âme, la révélation d'une présence. Cette ambition excède largement les limites idéales qui président à la définition de la beauté grecque sans pour autant renoncer à fonder une unité. Lenz porte au théâtre ce corps ambigu, porteur d'une infinité globalisante et fragmentée. Déchiré de conflits intérieurs mais aspirant à l'absolu, il peut être le masque de l'hypocrisie sociale ou, au contraire, le garant de l'authenticité. Le Faust de Goethe, opérant une synthèse méphistophélique de ces aspirations, illustre dès lors exemplairement l'émergence d'un individu qui aspire à la totalité, d'un homme dévolu à la démesure, abstrait corps et âme.
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Humanities and Social Sciences
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