Entre sources allemandes et françaises, l'inspiration première des ballets de Tchaïkovski
Abstract
Dès la fin du XVIIIe siècle, le ballet a partie liée avec le conte. Casse-Noisette, Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant, Giselle, Coppélia, Cendrillon… Cette liste ne constitue pas une histoire exhaustive du ballet, mais le coeur d’un répertoire qui souligne un rapport entre deux expressions : le littéraire et le chorégraphique. La seule aventure littéraire du conte est déjà en soi d’une grande complexité. Elle reconsidère les formes brèves et pose la question des réécritures successives. Le conte est un vecteur culturel, identitaire, sociétal et générationnel. Peut-on ainsi se contenter de dire que La Belle au bois dormant de Tchaïkovski est la version dansée et musicalisée d’un conte populaire, alors que ce dernier est pour le moins passé entre les mains de Perrault et des frères Grimm, ce qui fait de lui un conte pour enfants réinterprété par des adultes, un artefact populaire urbanisé par la bourgeoisie, le tout dans un méli-mélo de récit oral, transcription écrite, nouvelle littéraire, intrigue dramatique, narration chorégraphiée et poétisation musicale ? Sans oublier une marque française pour les entrechats et un élan russe pour les doubles croches.