Viol et littérature : (XVIe-XIXe siècle)
Résumé
Du XVIe au XIXe siècle, le viol n’est guère pris en compte par la loi, et la société comprend, minore voire excuse ce crime, quand elle ne le nie pas. En regard de cette situation de déni social, la littérature tient un discours assez différent, comme les contributions rassemblées dans ce numéro veulent le démontrer. En effet, on doit constater que ce sujet, loin d’être un tabou, apparaît relativement fréquemment en littérature, et dans des genres diversifiés : romans et nouvelles évidemment, mais aussi conte et poésie (avec la pastorale), et même théâtre (avec les tragédies qui prennent pour sujet l’antique viol de Lucrèce). Certes, le viol est souvent minoré par le point de vue de l’auteur, parfois présenté comme une « aubaine » ou comme une loi commune, il n’empêche qu’il est présent et représenté, donne lieu à intrigues et à interrogations. Si le viol n’a longtemps pas été un sujet de société, il n’en était pas moins un sujet littéraire, la littérature témoignant par là de son ouverture à la diversité des réalités vécues et, peut-être, d’une sensibilité particulière aux points de vue des muettes victimes.