Surveillance maritime : Nouvelles technologies et coopérations en vue du développement de la connaissance du domaine maritime - Université de Nantes Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2016

Maritime surveullance: New technologies and cooperation in regards to the development of maritime knowledge

Surveillance maritime : Nouvelles technologies et coopérations en vue du développement de la connaissance du domaine maritime

Résumé

Beyond territorial waters, the oceans are frequented only by 50,000 merchant ships over 500 tons. These ships are armed by 1.2 million seafarers, i.e. 0.015% of the world population and operate on an area that covers 70% of the globe. Warships, responsible for maintaining order on the high seas, constitute a very limited capacity of surveillance and response considering the maritime areas. Hence, the sea has long been a space of freedom and anonymity for sailors, but also a space of risk for the sea riders and a vector of threat for land. Thus, maritime surveillance has always been an ambition hampered by technical limitations, which did not allow coping with the huge size of that space. Today, technical limitations are being overcome and it allows new strategies. New technologies are supporting information collection, storage and processing to achieve a surveillance going global. Ships behind the horizon are not anymore hidden. By automating the information report by ship, AIS and LRIT were revolutions in the field of maritime surveillance. The many satellites used for maritime surveillance have an actual detection, and sometimes even identification, capability. Closer to the sea, UAVs offer excellent performance in terms of identification, whose autonomy is nevertheless lesser than satellites. These new technologies are supporting the deployment of innovative strategies, allowing states, often backed by international organisation, to weave a spider web aiming to collect information useful to their situation assessment. Maritime surveillance reaches the heart of interstate cooperation. The US concept of «Thousand Ships Navy», supported by many navies, demonstrates a willingness to cooperate and represent a milestone of a trend which is deploying along many axes. Since 2008, the fight against piracy off the Somali coasts has created a new dynamic. The «Djibouti Code of Conduct» provides for the construction of centres dedicated to the exchange of information in Sanaa, Mombasa and Dar El Salam. It echoed the Singapore ISC (Information Sharing Centre) deployed in 2006 under ReCAAP agreement, which coordinates the fight against piracy in the Malacca Strait and Southeast Asia. These episodes have radically changed the organisation of maritime surveillance and stimulated the interconnection of actors. The concept of Maritime Domain Awareness (MDA), born in the US, spread into the NATO nations and partners through the Alliance’s Maritime strategy. The Integrated Maritime Policy of the European Union refers to the Container Security Initiative (CSI) in 2002, and to the project of an European «coast-guard» . Maritime Security Strategy adopted by the European Council in June 2014 stresses the importance of the world maritime area for the European safety and security and encourages cooperation with all involved stakeholders. The International Maritime Organisation (IMO) adopted in 2005 a Protocol to the SUA Rome Convention of 1988 dealing with threats such as weapons of mass destruction (WMD) and radioactive materials. It helped with the World Customs Organisation action to the enactment of measures on container security. In most cases, collecting and sharing information doesn’t guarantee to detect, and even less prevent, unlawful behaviours. For instance, the contribution of maritime surveillance to the fight against human trafficking is very limited. In some case, a modernisation of the law of the sea seems necessary. While it is futile to be opposed to the digitalisation of the maritime space, it creates a cyberspace for which it may be necessary to rewrite a kind of Law of the Sea Convention.
Au-delà des eaux territoriales, les océans ne sont fréquentés que par 50 000 navires de commerce de plus de 500 tonneaux. Ces navires sont armés par 1,2 million de marins, soit 0,015 % de la population mondiale et opèrent sur un espace qui couvre 70 % de la surface du globe. La flotte des navires de guerre, plus spécialement chargée du maintien de l’ordre en haute mer, constitue une capacité de surveillance et d’action très limitée au regard des surfaces marines. De ce fait, la mer est longtemps restée un espace d’anonymat et de liberté, mais aussi un espace, porteur de risques pour ceux qui s’y aventuraient, et porteur de menaces envers la terre pour les populations. Les invasions vikings et les trafics de stupéfiants ont ceci de commun, à quelques siècles d’écart, qu’ils utilisent la mer pour menacer les sociétés humaines. De ce fait, la surveillance de l’espace maritime a toujours constitué une ambition, mais elle s’est heurtée à la fois aux limitations des techniques disponibles et à l’immensité de cet espace. Aujourd’hui, les barrières techniques tombent, ce qui autorise le déploiement de nouvelles stratégies. Les nouvelles technologies permettent d’accroître les volumes d’informations recueillies, stockées et traitées au profit d’une surveillance qui devient mondiale. Le navire n’est plus caché au-delà de la ligne d’horizon. En automatisant le report d’information, les systèmes AIS et LRIT ont constitué une révolution dans le domaine de la surveillance maritime. Les nombreux satellites qui couvrent les océans disposent d’une réelle capacité de détection et parfois même d’identification. Plus proches de la mer, les drones offrent d’excellentes performances en matière d’identification, mais une autonomie moindre que les satellites. Ces nouvelles technologies soutiennent le déploiement de stratégies innovantes, qui permettent à certains États, s’appuyant parfois sur les organisations internationales, de tisser une toile destinée au recueil des informations utiles à leur appréciation de situation. La surveillance maritime est propulsée au cœur de la coopération interétatique. Le concept états-unien de «Thousand Ships Navy », auquel adhéreront de nombreuses marines, constitue l’un des premiers jalons de ce mouvement qui se déploie selon plusieurs axes. La lutte contre la piraterie au large de la Somalie, à partir de 2008, entretient également cette dynamique. Le code de conduite de Djibouti prévoit la construction de centres dédiés à l’échange d’informations à Sanaa, Mombassa et Dar El Salem. Il fait écho à l’ISC (Information Sharing Center) singapourien déployé en 2006 en application de l’accord ReCAAP qui coordonne la lutte contre la piraterie dans le détroit de Malacca et en Asie du Sud-Est. Ces épisodes ont radicalement modifié l’organisation de la surveillance maritime en motivant l’interconnexion des acteurs. Le concept de Maritime Domain Awareness (MDA), né aux USA, s’est rapidement diffusé, via la stratégie maritime de l’OTAN, vers les pays membres et les partenaires de l’alliance. La stratégie de sûreté maritime adoptée par le Conseil européen en juin 2014 souligne l’importance du domaine maritime mondial pour la sûreté et la sécurité de l’Europe et insiste sur la coopération avec tous les acteurs. L’Organisation Maritime Internationale (OMI) a adopté en 2005 un protocole à la convention SUA de Rome de 1988 pour la prise en compte de menaces, telles que les armes de destruction massive (ADM) et les matières radioactives. Elle a contribué avec l’Organisation Mondiale des Douanes (ODM) à la promulgation de mesures relatives à la sécurité des conteneurs. Mais la collecte et le partage d’informations ne sont pas suffisants pour identifier les comportements illicites et encore moins pour les prévenir. La lutte contre les trafics d’êtres humains par voie de mer constitue un problème pour lequel l’apport de la surveillance maritime est très limité. Une modernisation du droit de la mer semble indispensable. S’il est vain de vouloir s’opposer à la numérisation de l’espace maritime, cette numérisation crée un cyberespace pour lequel il est peut-être nécessaire d’écrire l’équivalent d’une convention sur le droit de la mer.
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Origine : Accord explicite pour ce dépôt

Dates et versions

hal-01525268 , version 1 (19-05-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01525268 , version 1

Citer

Roland Le Goff. Surveillance maritime : Nouvelles technologies et coopérations en vue du développement de la connaissance du domaine maritime. Patrick Chaumette ESPACES MARINS : SURVEILLANCE ET PRÉVENTION DES TRAFICS ILLICITES EN MER, GOMYLEX, pp.233-246, 2016, ESPACES MARINS : SURVEILLANCE ET PRÉVENTION DES TRAFICS ILLICITES EN MER, 978-84-15176-72-5. ⟨hal-01525268⟩
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